Au nez
Huit ans tout juste soufflés, au milieu de la cuisine agenouillée, la goutte au nez.
Le carrelage est froid, je serre mon doudou tout contre moi.
Le silence résonne dans la bâtisse, je suis encore soliste.
Jamais là, jamais présents.
Elle, elle a le coeur en veilleuse, peu scrupuleuse, en autarcie la profiteuse.
Lui, au loin, accaparé par sa perplexité, aussi soucieux que radieux.
Préserve toujours les apparences ma fille,
les autres finissent par se transformer en escadrille.
Pas d'hyposthénie, si tu ouvres une porte, ça sera l'eau-forte.
Acide asthénie.
Il m'a dit que ma vie en dépend alors je leur offre le néant.
On a le même sourire, pour mieux vous fuir.
L'espace m'opprime.
Je me lève, tenant mon doudou par les oreilles,
il n'aime pas ça d'ailleurs, il me traite d'oppresseur.
Qu'est ce qu'il peut bien connaitre aux dictateurs lui?
Je l'aime de tout mon coeur.
Mes petons ne font que survoler les dalles en pierre du salon,
je monte l'escalier en béton. Je pense à Pygmalion.
Il etait certainement seul lui aussi dans une grande maison.
Je ne sais pour quelle raison j'azimute mon poisson.
On parle Winnie l'ourson. Il se prétend lui aussi à l'abandon.
Mais pas d'anxiété, une tournée et il aura oublié.
Comme moi. Parfois on préfére occulter.
Mon doudou, ce petit chou est jaloux...
Il aimerait avoir un esprit si mobile et aussi jouer aux billes.
Il reste sobre cachant l'opprobe.
Poisson pané lui rit au nez.
Anaya, 2007