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Envie d'une plume
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  • "Le petit lapin de Playboy ronge mon crâne végétal. Shoe shine boy. Oh Marilou petit chou. Qui me roulait entre ses doigts comme du caporal. Me suçotait comme un cachou. Et savait le dialecte chou. Poupoupidou. Tu sais ma Lou."
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Envie d'une plume
1 novembre 2007

Rex

Ta perruche?

Elle est au ciel, on la verra de notre nuage, elle chantera pour nous.
Elle volera à tire-d'aile, je vais écrire sur elle.
Elle s'appelait Rex, drôle de nom pour une perruche, très canidé. A croire qu'avec deux dizaines de centimètres, un piètre bec, des plumes bleu foncé, quelques longues blanches et une tête oblong, on obtient une Rex. Elle t'aimait, elle t'embrassait dans la bouche avec sa petite langue angulaire. Démonstration d'affection ou tentative de corruption? Tu n'as jamais vraiment su la raison. Mais peu importe, elle etait tienne, sereine, souveraine dans votre monde de bohémiennes. Pas bégueule pour un sous la pimbêche, elle chantait à tue-tête. Sa voix aïgue résonnait à travers les murs exigus. Avec un style singulier, elle imitait les piaillements matinaux des oiseaux sauvages, mais en polyphonie. Nadie sabe como hacia. Elle parodiait les conversations que les volatiles ont dans les arbres. Oui, en somme, elle chantait mais avait en elle l'âme d'un perroquet.
C'etait une princesse, une archiduchesse capricieuse, elle s'envolait dans des crises d'éréthisme sans leitmotiv. Elle était colérique, elle volait dans tous les sens en hurlant et faisait toujours ça à deux voix bien distinctes, comme si elle jouait deux personnages... Tu trouvais cela truculent, désopilant. Elle t'emmerveillait. Seule dans sa cage architecturale, depuis la mort de son acolyte amical, elle avait trouvé en toi de quoi lui rendre son émoi. Ton esprit nébuleux et ta vie d'artiste lui plaisaient. Tu en pincais pour elle, Rex n'avait pas volé sa place dans ton atelier. Vous avez passé un an comme ça en hiver, vous restiez ensemble dans ta bonbonnière à vous raconter des chimères, des rêves éphémères. Vos aventures sans queue ni tête, vous échangiez vos historiettes.

Ma Raf racontait: "Tu sais ma Rex, la poule naine de ma fille, Gertrude, ce matin elle a pondu son premier oeuf, dans la cuisine. Elle était terrorisée la pauvre elle hurlait en battant des ailes, puis elle a regardé son oeuf d'un air furieux et l'a chassé d'un coup de patte avant de sortir avec son air indigné."

Et la Rex riait en faisant entendre un léger ramage tout en se mettant sur une patte. Vous vous compreniez, Rafael parle Pérruchien! Quand elle avait faim ou soif, tu le savais et tu partageais ton pain avec elle. Lorsqu'elle se grattait la tête, cela signifiait qu'elle etait mal à l'aise mais elle le faisait uniquement en présence d'autres homos sapiens. Si tu peignais, elle regardait tes attitudes avec hébétude. Activité hiératique. Tu etais son Danasama, maitre en Japonais, son précepteur de coeur. Un Danasama oui, mais en aucun cas un dictat, tu jouais avec elle. Tu immisçais un pinceau entre les barreaux de sa volière ce qui lui faisait piquer une crise de nerfs! Elle t'arrachait l'objet du délit et s'acharnait dessus jusqu'a ce que mort s'en suive...il reste encore des cadavres de pinceaux dans la gloriette...
Mais ce matin l'espace d'un instant, de battre ton coeur s'est arrêté tandis que le sien a cessé pour l'éternité. Prisonnier du mutisme qui préserve ton stoïcisme, tu pleures la perte de ton amie. La plus distinguée des papegais ratées s'en est allée...

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Commentaires
K
toi qui me fait rêver, qui me fait voler de tes doigts merveilleux à ton épaule, de page en page.<br /> Arigato gozaimasu-
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